À tout moment, nous pouvons percevoir le monde extérieur grâce à nos cinq sens. Ce sont eux qui nous permettent de recevoir l’ensemble des informations présentes dans notre environnement. Nous recevons également de l’information sensorielle via les systèmes vestibulaire et proprioceptif.

Système vestibulaire et proprioceptif

D’abord le système vestibulaire nous informe sur le mouvement, la gravité et le changement de position de notre tête. Par exemple, c’est grâce à lui que nous ressentons l’accélération en auto et le bercement de la chaise berçante. C’est également grâce à lui que nous savons si nous avons la tête à l’envers dans une montagne russe même si nos yeux sont fermés. Le système vestibulaire nous permet aussi de rester en équilibre et de continuer à fixer un objet lorsque l’on tourne la tête.

Pour sa part, le système proprioceptif nous informe sur la position de notre corps grâce à des récepteurs qui se situent dans nos muscles, nos ligaments et nos tendons (ex : on connaît la position de nos pieds, même si on ne les regarde pas).Ce système nous permet d’avoir conscience de notre corps ce qui est très utile lorsque l’on doit coordonner nos mouvements.

La modulation sensorielle

Plusieurs des informations reçues par nos cinq sens et nos systèmes proprioceptifs et vestibulaires sont essentielles pour nous permettre de bien fonctionner au quotidien alors que certaines de ces informations sont moins importantes. Par exemple, le tic tac de l’horloge, le bruit du système de ventilation, la sensation de nos vêtements sur notre peau, la sensation du dossier de chaise sur notre dos, etc. Malgré l’ensemble des informations moins utiles que notre cerveau reçoit, nous pouvons nous consacrer à nos activités quotidiennes sans avoir à nous soucier de la sensation du sol sous nos pieds ou encore du bruit constant d’une horloge. Et pourquoi ça ? Tout ceci est possible grâce à la modulation sensorielle. La modulation sensorielle correspond à la capacité du cerveau à filtrer les informations sensorielles importantes de celles qui ne le sont pas (Yack, Aquilla, Sutton, 2015).

Le trouble d’intégration sensorielle

De cette façon, notre attention est uniquement portée sur les informations sensorielles importantes.  Conséquemment, elle néglige les informations sensorielles qui ne sont pas utiles. Il peut toutefois arriver que la modulation sensorielle soit moins efficace. Par exemple, que le cerveau accorde de l’importance à des stimulations sensorielles qui ne le sont pas ou encore qu’il considère des informations sensorielles inutiles, alors qu’elle devrait l’être. On peut expérimenter ceci lors de fatigues importantes. Cependant, certaines personnes ont ce qu’on appelle un trouble d’intégration sensorielle. Le trouble d’intégration sensorielle fait en sorte que certaines informations sensorielles soient perçues trop fortement, on parle alors d’hypersensibilité, ou pas suffisamment, c’est-à-dire d’hyposensibilité (Yack et al., 2015). Lors d’une hypersensibilité, le cerveau laisse passer trop d’informations sensorielles, même celles qui ne sont pas utiles. À l’inverse, lors d’une hyposensibilité, le cerveau n’accorde pas suffisamment d’importance aux informations sensorielles, même si elles sont utiles.


Voici quelques exemples de comportements qui peuvent être présents chez un enfant qui a un trouble d’intégration sensorielle :

Hypersensibilité

  • Sensible à la lumière
  • Détresse en présence de certains sons
  • Inconfort avec certaines textures (ex : vêtement, sable, pâte à modeler, etc.)
  • Peur irrationnelle du mouvement ou des hauteurs
  • Sursaute fréquemment
  • Dégoût de certains goûts et textures d’aliments
  • N’aime pas se faire couper les ongles ou peigner les cheveux
  • N’aime pas être touché

Hyposensibilité

  • Manque de contact visuel
  • Peu conscient de la douleur ou des changements de température
  • Ne remarque pas lorsque son visage ou ses mains sont sales
  • Ne devient pas étourdi lorsqu’il tourne beaucoup
  • Manque d’attention sur ce qui se passe dans son environnement

Une méta-analyse portant sur plus de 14 études a démontré que le trouble d’intégration sensorielle est présent chez plus de 80% des personnes ayant un trouble du spectre de l’autisme (Ben-Sasson et al., 2009). Il peut également être présent chez les personnes ayant un TDAH et dans la population en général.

Le trouble d’intégration sensorielle peut entraîner un impact sur la réalisation de plusieurs activités quotidiennes chez l’enfant que ce soit lors des soins d’hygiène, le choix des vêtements, les jeux, l’alimentation ou encore les apprentissages scolaires. En effet, la présence d’une hypersensibilité et/ou d’une hyposensibilité peut entrainer de l’agitation, de l’anxiété, des difficultés dans la gestion des émotions ou encore des difficultés attentionnelles.

Les solutions

Heureusement, plusieurs actions peuvent être mises en place afin de diminuer l’impact d’un trouble sensoriel sur la réalisation des activités quotidiennes de l’enfant. En effet, des adaptations dans son environnement, des activités spécifiques à ses besoins et une désensibilisation peuvent être réalisées dans le but d’aider l’enfant à avoir un meilleur fonctionnement au quotidien. Un ergothérapeute peut dresser un portrait des particularités sensorielles de l’enfant et cibler des moyens pour lui permettre d’avoir un meilleur fonctionnement dans ses activités quotidiennes.

Par Élise Brin-Sigouin, ergothérapeute


Des questions ?

Bibliographie :

Yack, E., Aquilla, P. et Sutton, S.(2015) Building Bridges Through Sensory Integration. Therapy for Children with Autism and Other Pervasive Developmental Disorders. 3e edition, Arlington, Sensory World, 294 pages.

Ben-Sasson, A., Hen, L., Fluss, R., et al. (2009) A meta-analysis of sensory modulation symptoms in individuals with autism spectrum disorders,. Journal of Autism and Developmental Disorders, Vol. 39, p.1-11.