Si les crises de colère peuvent toucher tous les âges, enfants, adolescents, adultes ou personnes âgées, elles ne s’appréhendent pas de la même manière. Chez l’enfant, on considère généralement qu’elles font partie du développement normal. Chez l’adolescent, elles peuvent être symptomatiques d’une frustration, comme un sentiment de rejet par exemple. Chez l’adulte, les causes peuvent être plus complexes, tout comme chez les aînés avec ici des liens possibles entre maladies et traitements.

La psychoéducation peut permettre d’intervenir et d’apporter l’oreille attentive que le sujet réclame de façon inadaptée.

Quelles sont les différentes manifestations des crises de colère?

La patience n’est pas une vertu innée. Elle s’apprend à travers l’éducation et accompagne le développement d’un enfant. Les crises de colère chez l’enfant sont souvent liées à une impatience. On considère dans ce cas qu’elles font partie de son développement normal.

L’enfant peut aussi facilement se vexer. Sa sensibilité est exacerbée. L’étape suivante que l’on peut considérer comme normale sera chez l’enfant de bouder. Puis, rapidement, tout reviendra dans l’ordre et l’enfant passera par l’expression d’autres sentiments.

Hors de ces manifestations comportementales communes à tout enfant, les crises de colère peuvent prendre d’autres proportions. Si elles se répètent trop souvent, si elles sont liées à de l’agressivité ou de la violence, physique ou verbale, elles peuvent être symptomatiques de troubles du comportement plus profonds. Colère n’engendre pas forcément violence.

Chez l’adulte elles peuvent être identifiées comme des TEI, ou troubles explosifs intermittents. Ces expressions violentes en réaction disproportionnée par rapport à la situation sont identifiées comme étant des réactions impulsives souvent accompagnées de comorbidités, c’est-à-dire de maladies associées.

C’est par exemple le cas des aînés souffrant de la maladie d’Alzheimer.

Qu’est-ce que la psychoéducation?

La psychoéducation est née au Québec dans les années 1950. Cette discipline psychosociale qui s’est inspirée des modèles développementaux de son époque — dans un contexte d’après-guerre — cherche à prévenir puis à intervenir dans des cas d’inadaptation psychosociale.

Elle est essentiellement tournée vers l’enfant et l’adolescent. Entrée à l’université en 1971, la psychoéducation est devenue dès 2009 un cursus à part entière, et cette profession est régie par un ordre professionnel: l’Ordre des psychoéducateurs et psychoéducatrices du Québec (OPPQ). Les psychoéducateurs interviennent suivant deux modèles influencés par leurs précurseurs respectifs :

  • Le modèle Guindon, une approche de rééducation en quatre étapes pour des jeunes inadaptés : acclimatation, contrôle, production, personnalité.
  • Le modèle Gendreau, qui privilégie le contexte d’intervention, aussi appelé «la toupie».

Comment la psychoéducation permet de gérer des crises de colère

L’un ou l’autre de ces modèles vont aider à maîtriser ces manifestations de violence colérique au lieu de la laisser contrôler son sujet.

La psychoéducation permet de franchir étape par étape des seuils de reconnaissance, d’acceptation, de compréhension puis de contrôle de l’émotion qu’est la colère :

  • Reconnaître la colère comme une émotion (distincte de la joie ou la tristesse par exemple).
  • Accepter que cette émotion puisse s’installer (manifestation saine devant un obstacle).
  • Comprendre en quoi elle peut gêner voire blesser l’autre.
  • Travailler en groupe avec des animateurs dans le respect de chacun.

Dans le but de gérer le stress et d’autoréguler son irritabilité, le sujet sera encadré et accompagné dans ces étapes.

Quand consulter un psychoéducateur?

Dans le cas de comportements colériques trop fréquents et devenus incontrôlables ou hors de proportion, envers le sujet lui-même, son entourage, des animaux ou des objets, la psychoéducation peut aider à identifier les sources des irritations : milieu défavorable, passif éducationnel, symptômes psychologiques, etc.

Après identification des sources, la psychoéducation s’avère particulièrement efficace dans les cas suivants :

  • perte de repère, abandon, absence de cadre familial sécurisant;
  • autisme;
  • troubles bipolaires identifiés.

Dans tous les cas, la psychoéducation favorise une approche documentée et douce dans le cadre d’un suivi régulier et encadré, quelles que soient les raisons qui déclenchent les crises de colère.