Nous avons déjà abordé le jeu symbolique et l’imitation verbale comme étant des précurseurs clé au langage et à la communication. Cette semaine, nous traiterons de la communication intentionnelle, un autre prérequis essentiel que l’enfant doit développer avant de développer son langage verbal.
Avant même de commencer à parler, un bébé exprime des intentions de communication par des pleurs et des cris. Il communique qu’il a faim, qu’il est content, qu’il ressent un inconfort, qu’il veut être réconforté, etc. En grandissant, il se mettra à vocaliser, à produire, des sons, à babiller et éventuellement, à dire des mots et des phrases. Amener un enfant à développer ses intentions de communication par les gestes ou les sons est un objectif fréquemment stimulé en orthophonie avec les tout petits, avant même de vouloir les amener à produire des mots. Certains enfants peuvent dire des mots mais avoir peu de communication intentionnelle. C’est souvent le cas des enfants présentant un trouble du spectre de l’autisme, qui ont un désir de communication et d’interaction très limité. À l’inverse, d’autres enfants s’expriment peu verbalement mais présentent beaucoup d’intérêt à communiquer en initiant la communication par des gestes (ex: l’enfant pointe pour montrer un objet d’intérêt, prend la main de l’adulte pour obtenir de l’aide, fait un signe de tête pour protester, etc.).
Il existe une panoplie d’intentions de communication, qui sont amenées à se complexifier plus l’enfant grandit et développe son langage. Par exemple, le fait d’exprimer ses besoins et ses goûts, de refuser, de demander ou de commenter sont des intentions plus simples que raconter, décrire, expliquer ou relater un événement. Voici quelques stratégies à mettre en action pour aider votre tout petit à développer sa communication intentionnelle:
- Laissez-lui le temps de faire une demande! N’allez pas au devant de ses besoins, ne lui donnez pas « tout cuit dans le bec » même si vous devinez ce qu’il veut. Ce truc paraît très simple, mais pourtant, il est un des plus difficiles à appliquer pour les parents de jeunes enfants!
- Organisez l’environnement en créant des situations dans le quotidien où votre enfant pourra faire des demandes (« communication temptations »). Par exemple, mettez un jouet qu’il affectionne particulièrement hors de sa portée, donnez-lui un pot transparent bien fermé dans lequel se trouve un jouet qu’il aime ou mangez devant lui un aliment qu’il aime sans lui en offrir! Vous pouvez aussi mettre un aliment que l’enfant n’aime pas près de sa bouche oui lui servir son bol de crème glacée sans cuillère pour observer de quelle façon il communiquera son mécontentement.
- Introduisez une activité intéressante, jouez jusqu’à ce que l’enfant éprouve du plaisir, arrêtez puis attendez! Par exemple, faites des bulles puis fermez ensuite le pot fermement avant de le remettre à l’enfant. Attendez qu’il en redemande! Vous pouvez aussi pousser votre enfant sur la balançoire au parc pour ensuite cesser de lui donner un élan. Observez comment il réagit. Soufflez un ballon, faites sortir l’air, puis donnez le ballon dégonflé à l’enfant. S’il ne s’exprime pas verbalement, dites « encore » tout en faisant le geste (les doigts de chaque main se rapprochent du pouce, et les deux mains se touchent du bout des doigts). Redonnez le bon modèle et accédez à sa demande si votre enfant produit un mot qui ressemble à « encore ».
- Nommez souvent les objets de son entourage qui peuvent lui être utiles. Si votre enfant fait des demandes en pointant, nommez l’objet convoité et mettez des mots sur ses gestes. Au besoin, donnez-lui un choix de réponses (ex: Tu veux du lait ou du jus?)
- Modelez le geste « donne » (main tendue, paume vers le haut), tout en disant le mot. Utilisez le même geste, « donne » lorsque vous faites des demandes à votre enfant.
Que votre enfant s’exprime avec des sons, des gestes, des mots ou des phrases, n’oubliez pas que le plus important, c’est qu’il communique!