http://www.youtube.com/watch?v=juyQNsiAYZQ

Avez-vous déjà vu cette vidéo? Il s’agit d’une expérience réalisée dans un métro de Rennes, en France, visant à démontrer la « théorie de l’amusement », qui avance que l’amusement peut changer le comportement.

Vous avez sans doute déjà constaté qu’entre les escaliers conventionnels et les escaliers roulants, la grande majorité des gens (dont moi-même) choisit généralement la seconde alternative. Pourquoi? Tout simplement parce que cela demande moins d’effort. Mais si monter des escaliers (et donc faire un effort) pouvait s’avérer vraiment amusant, est-ce qu’on pourrait amener les gens à changer leur comportement et choisir les escaliers conventionnels?

Dans la vidéo, on voit que les marches d’escaliers du métro ont été transformées en touches de piano musicales. Ainsi, les usagers du métro sont surpris de découvrir qu’en marchant sur ce piano géant, des notes musicales sont jouées. De la mélodie timide des enfants aux sauts à pieds joints des adultes, chacun y trouve son plaisir. Et devinez quoi? Suite à cette métamorphose des escaliers, 66% des personnes ont choisi de de prendre les escaliers plutôt que les escalators. Un exemple fort intéressant qui démontre comment changer le comportement des gens.

J’ai assisté hier, dans le cadre de la rencontre annuelle des superviseurs de stage de l’École d’orthophonie et d’audiologie de l’Université de Montréal, à une conférence de Mme Danie Beaulieu, Ph.D. en psychologie, ayant pour thème « Techniques d’impact: Principes de la thérapie en relation avec les étudiants et les clients ». L’objectif était de fournir des outils de réflexion et des moyens pour motiver les clients et les étudiants à réussir leur cheminement personnel. Cette conférence m’a profondément inspirée, stimulée et ressourcée, surtout grâce au charisme, à l’humour et à l’énergie de la conférencière. 1h30 de plaisir! Et la conférence m’a rappelée l’expérience du métro de Rennes.

Les techniques d’impact sont des outils de communication simples et concrets à utiliser qui responsabilisent le patient ou l’étudiant, et  peuvent être utiles à tous ceux qui désirent aider d’une manière plus efficace et de façon durable, en exploitant l’ensemble des modalités sensorielles. Il s’agit d’une manière d’accélérer et de solidifier les apprentissages chez un individu tout en évitant d’avoir à répéter trop souvent. Les gens peuvent ressentir un impact avec des objets et des expériences simples.

Voici quelques manières, présentées par Mme Beaulieu, qui permettent d’avoir plus d’impact dans nos interventions, et ainsi, d’amener un changement chez l’individu.

    • Tirez avantage des stratégies d’accroche
      Il s’agit ici de créer une expérience n’ayant à priori aucun lien avec la problématique de la personne ou avec le changement qu’on désire instaurer chez elle, afin qu’elle intègre une connaissance. Le but est de soulever le questionnement chez elle. Pour le démontrer, la conférencière nous parle d’un jeune avec qui elle jouait au Bluff (jeu de cartes). Après avoir distribué les cartes entre les deux, elle a pris son paquet, a retiré les cartes moins avantageuses et a choisi de meilleures cartes dans la pile restante. Et ce, à la vue du jeune. Évidemment, elle a remporté la partie. Après qu’elle eût proposé d’en jouer une autre, le jeune, incrédule, l’a questionnée à savoir pourquoi continuer de jouer puisqu’elle gagnait toujours et que de toute évidence, elle trichait. L’intervenante a alors expliqué que dans la vie,  on reçoit des cartes, mais qu’on n’est pas obligés de les garder! Il faut aller chercher les bonnes cartes, car elles ne vont pas nous tomber dessus!
    • Soyez intéressant
      Pour générer une meilleure mémorisation de l’information, il est important de créer de la surprise, de l’inattendu ou de travailler avec des éléments qui suscitent du plaisir. Par exemple, si l’on vous demande le numéro de plaque d’immatriculation de votre voisin, vous ne pourrez probablement pas répondre à la question, et ce, même si vos yeux ont vue cette information des centaines de fois. Votre cerveau ne l’a pas retenue, tout simplement parce que ce n’était d’aucun intérêt pour vous! La conférencière a illustré son point avec un billet de 20$, item qu’elle a utilisé avec un jeune ayant peu d’estime personnelle. L’intervenante froisse le billet, crache dessus, le jette au sol et le piétine de toutes ses forces. Elle reprend ensuite le billet et demande au jeune si sa valeur a changé. Ce dernier répond par la négative. Elle lui dit alors: « Tu vois, malgré les attaques des autres dont tu as été victime, personne ne peut t’enlever ta valeur. Pense à ça chaque fois que tu verras un billet de 20$ ».
  • Mettez l’emphase sur le plaisir
    Le langage des enfants est d’abord celui du plaisir: c’est la voie première de leurs apprentissages. À la clinique, surtout avec la clientèle plus jeune, les méthodes d’intervention utilisées par nos professionnels sont ludiques et axées sur le jeu, une activité essentielle au développement global, intellectuel, affectif, psychomoteur et social des enfants ou adolescents. Il arrive que les parents soient surpris de nous voir utiliser des jeux en thérapie pour intervenir auprès du jeune et l’amener à améliorer certaines compétences, plutôt que des exercices « papier-crayon » de style plus académique. Pourquoi avoir recours au jeu? Parce que cela permet d’accroître la motivation des jeunes et leur plaisir d’apprendre, développer leur créativité et leur capacité à résoudre des problèmes. Notre approche préconise l’apprentissage par le plaisir dans une atmosphère détendue, amusante et stimulante!
  • Utilisez des interventions multisensorielles
    Les êtres humains apprennent à partir de l’ensemble de leurs sens. Plus de neurones sont sollicités lorsqu’on transmet un message qui possède des attributs à la fois visuels et verbaux. Il est donc important de passer par le visuel, l’auditif, etc., et donc d’intégrer plusieurs modalités sensorielles dans l’intervention.
  • Encouragez les petits progrès
    L’illustration ci-contre renvoie à cette idée. À la première case, on aperçoit le visage d’un homme. À la dernière case, on retrouve le corps d’une femme. Bien qu’il soit très difficile d’identifier les changements d’une case à l’autre, on arrive néanmoins à une réelle métamorphose suite à 14 petites modifications. Ainsi, lorsqu’on chemine vers un objectif, peu importe sa nature, il faut se concentrer sur les petits progrès, et ne pas perdre de vue qu‘il suffit de minces avancées pour parvenir à une grande transformation. C’est un message que je me plais à transmettre à mes patients.
  • Rendez concrets les concepts abstraits
    Le cerveau, surtout celui des enfants, retient plus facilement les informations concrètes que celles qui sont abstraites. Par exemple, on voit fréquemment dans les classes des représentations visuelles d’un système d’émulation/privilèges ou punition/conséquences, sous forme de feux de circulation (la couleur verte lorsque l’enfant se comporte adéquatement, jaune après un avertissement de l’enseignant, et rouge lorsque l’enfant a démontré plusieurs comportements problématiques ou non désirables).  Avec une telle représentation, l’enfant voit exactement où il se situe par rapport à nos attentes.

En vous souhaitant d’apprendre avec plaisir!

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