L'Entraînement cognitif : Mythes et Réalités

L’entraînement cognitif : Mythes et Réalités

On a posé à l’équipe neuropsychologique la question suivante : Est-ce que l’on peut entraîner notre capacité cognitive ? Nous vous invitons à lire leur réponse.

La science tend à démontrer que certains processus du cerveau associés à la mémoire perdent de leur efficacité lorsque l’on vieillit. Par exemple, apprendre de nouvelles informations ou développer une nouvelle aptitude peut prendre plus de temps aux personnes âgées. On peut également vivre plus fréquemment l’effet du «mot sur le bout de la langue». Ainsi, beaucoup s’inquiètent de pertes de mémoire avec l’avancée en âge et s’interrogent à savoir s’il est possible de renverser ces changements.

Est-ce que le cerveau est comme un muscle que l’on peut entraîner avec des exercices?

La réponse : oui et non.

D’abord, le cerveau est plastique, c’est-à-dire qu’avec de l’entrainement on peut améliorer ses capacités. Par contre, le cerveau ne fonctionne pas comme un muscle. L’entrainement cognitif, ou ce que l’on appelle la stimulation cognitive, s’avère plus complexe que de faire des activités routinières répétitives, comme de simplement courir ou de soulever des poids pour entraîner son cœur ou développer sa musculature. Si vous répétez une activité cognitive, vous allez devenir plus performant à cette tâche.

Par contre, ces apprentissages n’amènent que rarement des améliorations au quotidien, ou même à des jeux très similaires. Par exemple, si vous jouez à un jeu de mémoire d’images, au bout de 20 heures d’entrainement votre performance sera meilleure. Mais si par après vous tentez un exercice de mémoire de noms, il est fort probable que votre performance initiale sera la même, que vous ayez fait 20 heures d’entrainement avec des images au préalable ou non.

Qu’en est-il des logiciels pour l’entraînement cognitif?

De nombreux logiciels proposent des exercices à faire à la maison pour améliorer ou même rajeunir l’efficacité du cerveau ou de la mémoire, qui sont souvent basés sur ce principe que le cerveau fonctionne comme un muscle. Ainsi, il est normal que vous connaissiez une amélioration des résultats aux entraînements cognitifs. En revanche, les études démontrent que généralement ces entraînements n’aident pas les gens à ne pas oublier des produits à l’épicerie ou à se rappeler ce que le médecin leur a dit il y a trois semaines. La réalité est que peu de compagnies produisant ces logiciels donnent des informations véridiques quant aux effets, spécifiques et généralisés, de l’entrainement cognitif proposé.

Est-ce que cela veut dire que les logiciels d’exercices cognitifs ne servent à rien?

Pas nécessairement. La meilleure approche serait en fait d’utiliser ces exercices pour développer des stratégies de mémorisation. Les stratégies développées peuvent être ensuite appliquées dans différents contextes. Par exemple, utiliser l’imagerie mentale, faire des acronymes, mettre en chanson des informations, etc. Il faut toutefois prendre le temps de mettre ces stratégies en pratique au quotidien. Plus une stratégie sera utilisée, moins il faudra d’efforts pour l’appliquer. Il importe aussi de garder en tête que la stratégie qui s’avèrera la plus efficace pour une personne ne le sera peut-être pas pour une autre. Il faut donc être créatif et mettre nos stratégies à l’épreuve!

Alors, que peut-on faire pour maintenir au mieux les habiletés cognitives durant le vieillissement?

Le maintien des habiletés cognitive va au-delà de l’entrainement à des tâches répétitives et de l’apprentissage de stratégies. La pratique de certaines activités peut aussi contribuer à ralentir le déclin cognitif. La science du vieillissement met présentement de l’avant l’importance de la pratique d’activités intellectuellement stimulantes diversifiées. Donc, apprendre une nouvelle langue, tenter de nouvelles activités et s’intéresser à apprendre sur de nouveaux sujets sont des habitudes quotidiennes suspectées d’être associées à un meilleur maintien des capacités cognitives. La participation à des activités sociales sur une base régulière est aussi associée au maintien d’une bonne santé cognitive. Et, bien que le cerveau ne soit pas un muscle, il bénéficie d’exercices physiques réguliers. Il est maintenant bien documenté qu’un exercice physique, particulièrement cardio-vasculaire, aide beaucoup à garder sa cognition en bonne santé.

L’Entraînement cognitif : Un conseil général

Notre conseil serait d’essayer d’accomplir chaque jour au moins une activité cognitive stimulante. Nous vous proposons d’amener de la nouveauté ou un défi dans votre quotidien afin de vous garder stimulé. Plusieurs activités peuvent correspondre à cette caractéristique.

  • On peut appeler un proche avec qui l’on aura une discussion stimulante, par exemple sur un article lu dans le journal.
  • Il est possible d’apprendre les paroles d’une nouvelle chanson, ou sa mélodie.
  • La pratique d’un nouveau passe-temps ludique qui nécessite l’apprentissage de règles et la découverte de stratégies, par exemple le bridge.
  • Préparer de nouvelles recettes permet de changer nos habitudes et donner un défi à notre quotidien.
  • Se joindre à un club de lecture, de danse sociale ou de bridge, par exemple, peut être motivant pour reprendre la pratique d’une activité stimulante.

Bref, il est possible d’utiliser les logiciels pour aider à l’élaboration de stratégies, mais le plus efficace (et possiblement le plus agréable!) est d’avoir des activités stimulantes le plus diversifié possible.

Certaines questions demeurent sans réponses? Notre équipe peut vous accompagner à y porter un regard professionnel. Nous vous invitons à entrer en contact avec nous au info@cliniquemultisens.com. D’ici-là prenez soin de votre santé cognitive.

Auteurs :

Johnathan Deslauriers, neuropsychologue, a effectué ses études au Centre de Recherche de l’Institut Universitaire de Gériatrie de Montréal. Sa thèse portait sur les effets neurologiques du vieillissement normal et les facteurs contribuant au maintien des processus cognitifs.

Marie-Élaine Lagrois, neuropsychologue, a complété un internat à l’Institut Universitaire de Gériatrie de Montréal au cours duquel elle a été initiée aux stratégies de stimulation cognitive et d’optimisation de la mémoire pour les personnes âgées.

 

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