Chaque enfant se développe à son rythme. Concernant l’apprentissage du langage, il arrive que certains manifestent un retard plus ou moins important par rapport aux autres du même âge. Ce genre de décalage est souvent source d’angoisse pour les parents, mais quand faut-il réellement s’en inquiéter ?

De quoi parle-t-on ?

Le retard de langage désigne un décalage entre la situation d’un enfant de 2 à 5 ans et la courbe de développement « normal ». Concrètement, on parle de retard de langage lorsqu’un petit à des difficultés à apprendre de nouveaux mots ou à formuler des phrases complètes, correspondant au niveau attendu pour un enfant de son âge.

À titre indicatif, au Canada, environ 15 % des enfants de 2 ans présentent un retard de langage, et 70 % d’entre eux le rattrapent avant l’âge de 4 ans. Si ce retard persiste après 5 ans, on parle alors de « trouble du langage ».

Quels sont les signes ?

Jusqu’à 3 ans, il est normal qu’un enfant en plein apprentissage du langage ne s’exprime pas toujours correctement. Ces écarts dépendent de nombreux facteurs, comme l’environnement, le sexe et même le reste de son développement psychomoteur. Malgré cela, il est important de rester attentif aux signes traduisant un retard de langage, dès la naissance :

Avant 12 mois : il est normal qu’un nourrisson ne parle pas encore, mais certains comportements atypiques peuvent annoncer des troubles futurs. Vous pouvez par exemple observer un manque de réaction aux stimuli et bruits environnants, des sourires ou des gazouillis limités, des réticences aux câlins, etc.

De 12 à 24 mois : l’enfant prononce ses premiers mots et s’éveille au langage. Autour de 18 mois, son vocabulaire s’élève généralement à 50 mots environ. À ce moment, vous pouvez donc identifier d’éventuelles lacunes. Par exemple, l’enfant :

  • Utilise peu de gestes pour communiquer (saluer, désigner un objet) ;
  • Émet des sons peu variés et n’essaie pas de répéter ce qu’il entend ;
  • Semble peu comprendre ce que vous dîtes (il ne reconnaît pas son nom ou ne réagit pas à des consignes simples) ;
  • Focalise son attention sur certains sons ou objets, en faisant abstraction des autres.

De 24 à 30 mois : l’enfant sait prononcer 50 à 100 mots et enrichit son vocabulaire chaque jour. Pendant cette phase, un retard de langage peut se manifester de diverses façons :

  • Il prononce peu de mots intelligibles et communique surtout par gestes ;
  • Il ne comprend que des mots simples et routiniers ;
  • Il ne répète pas ce qu’il entend. Par exemple, il n’imite pas les bruits d’animaux ;
  • Il est incapable d’associer 2 mots simples (par exemple « Papa dodo »).

De 30 à 36 mois : Les principaux signaux d’alarme sont :

  • Incapacité à répondre à des questions impliquant un choix (« Veux-tu un biscuit ou une pomme ? ») ou une description (« C’est quoi ? ») ;
  • Manque de compréhension des consignes simples du quotidien ;
  • Difficultés à associer un mot à une image ou un objet qui l’entoure.

Après 3 ans : Les principaux signaux d’alarme sont :

  • Incapacité à faire des phrases courtes et simples ;
  • Mélange plusieurs sons très différents ;
  • Ne comprend pas les questions simples, les concepts de base (comme « dedans / dehors ») ;
  • Préfère communiquer par gestes plutôt que parler.

Dans la plupart des cas, un retard du langage peut être rattrapé dans les premières années, si l’enfant est correctement pris en charge. Si le vôtre manifeste certaines des caractéristiques citées plus haut en fonction de son groupe d’âge, n’hésitez donc pas à en parler à votre pédiatre, qui saura vous orienter, ou à consulter directement en orthophonie. Sachez qu’il n’est jamais trop tôt pour consulter. Vous avez des inquiétudes concernant le développement langagier de votre enfant? Écoutez-vous et faites les démarches pour rencontrer un(e) orthophoniste. L’intervention précoce a fait ses preuves.